Entretien avec un sabreur

Quels états d’esprits sont enseignés par l’escrime japonaise ?

Dans cette école on enseigne qu’on doit gagner sans combattre. Mais pas seulement, car si cet art ne sert actuellement plus dans un sens pragmatique à sauver sa vie sur un champ de bataille, cette école continue à nous apprendre à vivre en société. En effet, le fondateur de l’école était moine bouddhiste et la religion n’était à l’époque pas séparé de l’art de la guerre. On pourrait dire simplement qu’il y a plusieurs états d’esprit à mettre en place lors de l’entrainement qui nous aident aussi dans la vie de tous les jours :

  • Il y a iru, être présent. Il faut vivre le moment présent, être dans l’instant présent, en pleine conscience, ici et maintenant. C’est faire chaque chose pleinement, avec sincérité, sans penser à ce que l’on va faire demain. Ceci permet de développer la concentration.
  • Il y a shoshin, l’esprit du débutant. C’est une attitude d’humilité que le pratiquant doit conserver tout au long de sa progression, quel que soit son niveau atteint. C’est cette attitude qui lui permettra de progresser tout au long de sa vie.
  • Il y a moshotoku, il ne faut rien attendre, ne pas avoir l’esprit de profit. Etre sans but et sans vouloir obtenir quelque chose est un effort permanent, ceci permet d’avoir l’esprit libre.
    Tout cela permet fudoshin, esprit calme et serein face aux situations les plus graves.

C’est une école philosophique accomplie, c’est pour cela qu’il est difficile de répondre à cette question en quelques phrases seulement.

Quelle est la particularité d’un sabreur ?

En sabre, lorsqu’on est face à une arme qui coupe comme une lame de rasoir, la stratégie évidente est de ne jamais se faire toucher. Ce qui implique qu’on ne peut pas réagir à une coupe de l’adversaire car on se ferait couper avant de pouvoir bouger. On est donc obligé de pressentir l’attaque avant que celle-ci ne soit exécutée Genshin, d’agir dans le sentiment de son adversaire. Pour réaliser de tel exploit, on est obligé d’affiner sa sensibilité. Un expert en sabre est donc une personne d’une extrême sensibilité.

L’escrime japonaise comporte-t-elle une pratique énergétique ?

On n’est pas du tout dans une approche physique et on prend conscience de son corps dans sa globalité avec des facultés qui ne s’épuisent pas avec le temps.
Il y a l’étude des ki-aï, l’union avec l’énergie, elle permet de rythmer les mouvements avec la respiration en faisant vibrer des sons à partir du ventre (en criant ou en restant silencieux). Chaque son correspond à différentes actions sur le corps, différentes émotions, sentiments à mettre en oeuvre. Il permet de projeter l’énergie mentale, physique et psychique.
On peut parler également de ha-keï, l’émission de force ou explosion d’énergie. C’est un mouvement qui permet de projeter l’arme adverse pour renverser une situation.

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