Qu’est ce que la pedagogie par kata ?

Pour l’entraînement au sabre, afin de limiter le danger entre deux partenaires, l’arme est remplacée par un sabre en bois (ce qui n’est pas le cas lors d’un travail solitaire). Même avec cette arme non tranchante, il n’est pas possible d’exécuter des combats réels sans se retrouver dans un duel à mort.  Toutes formes de compétition sont donc tout naturellement exclues et interdites. Pour s’entrainer, l’étudiant apprend des scénarios de combats reprenant les stratégies et techniques utilisées sur les champs de batailles. Ces scénarios sont appelés kata.

L’invention de kata est très ancienne puisque les premières « koryu » (école traditionnelle ancienne du Japon féodal 1192-1868) utilisèrent se genre de pédagogie comme forme de transmission d’une technique (principe martial) et d’un état d’être. Elle consiste à sauvegarder des mouvements codifiés qui contiennent les secrets d’une école afin qu’elle puisse traverser les générations.

Le kata est une forme figée et le travail de l’élève est de comprendre les déviations : pourquoi il ne faut pas les faire et ce qu’elles impliquent comme réactions. Il y a un lien profond entre pratique et recherche.

Le kata permet à l’étudiant de progresser à son rythme. Avec le temps, l’étudiant sera de plus en plus puissant, vigilant et rapide. Le même kata traverse le temps avec une lecture qui est différente en fonction de l’expérience du pratiquant.

Dans notre école, en fonction de l’expérience de l’étudiant, de nouveaux kata sont enseignés contenant de nouveaux principes et de nouvelles difficultés. On peut simplifier en disant qu’il existe trois séries : les kata de bases (« omote »), les kata supérieurs ou avancés (« gogyo ») et les kata cachés (« shichijo »). Les séries sont d’une difficulté croissante, la dernière se rapprochant au plus près d’un combat réel.

On considère qu’une personne ne peut pas commencer à décoder les katas de bases si elle n’a pas reçu un enseignement pendant un minimum de 6 à 10 ans. Les personnes ne désirant pas s’investir sur une période si longue ne pourront comprendre le sens caché d’un kata, toutes les finesses qui se trouvent derrière.

La forme d’un kata correspond à la partie submergée d’un iceberg. Le travail de l’étudiant est de chercher continuellement « kufu » (recherche et exploration) dans les profondeurs du kata pour découvrir la partie immergée de cet iceberg.

Pour exécuter un kata, l’étudiant doit agir avec sincérité, c’est ainsi qu’il pourra engendrer une réponse de qualité de son partenaire. Il faut être vigilant à la réaction de son partenaire afin d’adapter sa gestuelle et son mental à cette nouvelle situation.

Les kata ne sont donc pas simplement une forme chorégraphiée du corps, mais il y a également une attitude et un état d’esprit à adopter.